La Vigie fête son centième anniversaire les 3 et 4 juillet 1993 et rédige une plaquette qui retrace l’histoire. Dont vous venez de lire des extraits.
1987-1993 sept années bientôt que les premiers contacts ont été pris auprès des autorités communales afin d’obtenir une autorisation pour agrandir le hangar. En effet, celui-ci a été étudié en fonction du canot uniquement, sans trop penser aux hommes. De plus, depuis plusieurs années, des dames ont organisé une équipe féminine, et les vestiaires et autres locaux d’hygiène manquent. Un projet, établi par les membres du comité, a été présenté et rencontre l’objection fondée sur les projets futurs d’un parking sous-lacustre et, en particulier, de son accès.
Le 14 août 1982, inauguration de la nouvelle vedette d’intervention; celle-ci baptisée Vigie ll, en présence des sociétés marraines de Clarens et de Territet, est de fabrication suédoise, gageure de fiabilité et de sécurité. Ce type d’embarcation, laissé de côté par les autres sociétés de sauvetage du Léman, est bien connu dans d’autres pays pour ses qualités et, dix années plus tard, s’avère toujours un outil répondant à de nombreuses exigences. Cet achat permet la remise en état d’origine du canot à rames en déposant le moteur et en conservant ainsi l’esprit sportif des anciens canots de sauvetage à rames.
Les 15 et 16 août 1981 dates choisies pour la première kermesse, « Fête du lac », de l’ère moderne de La Vigie. Coup de maître réalisé par les organisateurs, qui font un « tabac » et assurent ainsi la fin de l’équilibre précaire des comptes de la société.
L’évolution de la navigation pendant les années 1950 et 1960 est telle que les interventions avec des canots à rames deviennent désuetes; des vedettes à moteur remplacent les anciennes embarcations. La Vigie reçoit, par un navigateur bénévole, un ancien moteur fixe, modifiant complètement le système d’intervention, qui ne nécessite plus que trois à quatre équipiers; ce moteur sera remplacé quelque dix années plus tard, par un moteur neuf, celui-là.
Le 12 septembre 1954 après plusieurs années de discussions auprès des autorités cantonales et communales, un droit de superficie est constitué pour une durée indéterminée sur une parcelle de 102 m2, anfin de construire un hangar pour abriter le canot à rames; les plans établis par M. Paul Gorjat, ingénieur, relèvent une construction pratique, avec un système de mise à l’eau ingénieux avec rails sur piles, chariot et treuil avec turbine hydraulique. L’inauguration du 12 septembre 1954, en grande pompe avec les sociétés de sauvetage voisines, fait la démonstration d’un des plus judicieux hangars à canot du Léman mais, comme chaque médaille a son revers, c’est le problème financier qui terni la nouvelle construction – et la dette ne sera acquittée qu’en 1975.
Le 30 juin 1946 La Vigie inaugure son nouveau bateau. Une grande fête de sauvetage est organisée à Montreux avec concours de canots réunissant 31 équipes de 10, 8 et 6 rameurs, assemblée de comité central et de délégués des sections, banquet officiel (ou chose agréable, aucun discours ne sera prononcé (sic) « Journal de Montreux » du 1er juillet 1946), et baptême de la nouvelle « La Vigie », escortée des sociétés marraines de Territet et de Clarens. Il fallut moins de deux ans à la section de Montreux pour panser ses blessures du naufrage du 8 septembre 1944, réunir les fonds et commander un nouveau canot.
Le 8 septembre 1944, en voulant ramener un canot à rame, détaché par les fortes vagues (fort « coup de tabac » soulevant d’énormes vagues, de huit à neuf mètres de hauteur (sic) « Journal de Montreux » du 9 septembre 1944), le canot de La Vigie, équipé de sept hommes, passe trop près de l’embouchure de la Baye de Montreux, se retourne fond sur fond, accroché sur les alluvions et enrochements. Les sept sauveteurs sont précipités à l’eau; cinq d’entre eux réussissent à regagner la rive à la nage; les deux autres, qui sont moins heureux, puisque pris sous l’embarcation, reçoivent l’aide de passants, en particulier de M. Robert Séchaud, directeur de la maison qui porte son nom; les deux victimes sont amenées à l’hôpital pour recevoir des soins. Le canot remorqué est réduit en miettes sur les enrochements et le canot de La Vigie dérive au large, la quille en l’air; c’est le bateau de sauvetage de Territet, monté par une équipe mixte de Territet et de Montreux, qui prend le lac anfin de remorquer La Vigie, mais les vagues sont telles que le vapeur « Vevey » intervient également, pour mettre à l’abri le canot au port de Veytaux, et pour ainsi constater son triste état.
1915-1955 Il y eut certainement beaucoup d’activités pendant et entre les deux guerres mondiales, et cela malgré les effectifs passablement réduits, dus aux mobilisations sur les frontières: malheureusement, les archives nous manquent pour narrer cette époque.
Printemps 1915 après 21 années de service, le canot, qui a beaucoup souffert de ne pas être amarré dans un port, est en mauvais état. La société, qui compte alors 53 membres actifs, a construit un nouveau canot, équipé pour huit rameurs; celui-ci est mis à l’eau au printemps de la même année.
Le 29 août 1897, quatre ans après son admission à la SSLL, la section de Montreux entreprend la lourde tâche de recevoir toutes les sociétés du lac en assemblée générale et fête, où se disputent des concours de canots à rames à 10, 8 et 6 équipiers, ainsi que des concours spéciaux de « torches », de lancer de « lignes torrès » et de « plongeurs ». Il est à signaler que les derniers concours eurent lieu à Nyon en 1894. Pour diverses circonstances, ils furent supprimés pendant deux an. Montreux décida, en 1897, de fournir, à nouveau, aux équipes, une occasion de se mesurer dans des joutes pacifiques.
M.Jean de Muralt, avocat, est désigné comme président de la nouvelle société, qui se trouve très vite forte de 43 membres actifs. La commande d’un canot à huit rameurs est aussitôt entreprise auprès de M. Dénéréaz, constructeur de bateau, au Basset. Puis un appel est fait par l’intermédiaire de la « Feuille d’Avis de Montreux » pour le financement, en citant « l’inépuisable générosité du public montreusien »
Le premier souci de notre président fondateur sera de trouver les fonds pour équiper la section d’un canot de sauvetage. La commune de Châtelard fait don de Fr. 200.- sur les Fr. 3500.- estimés pour la construction du canot et l’équipement des hommes. Déjà des soucis pour le caissier… Pour un début, ce ne pouvait guère être plus modeste, il est vrai, mais le premier pas est franchi. Du stade des discussions et des projets, on passe aux actes.
Une demande en bonne et due forme est adressée à la commune du Châtelard le 28 juillet 1893 par cette personnalité qui choisit comme président Jean de Muralt. 10 jours après, le 6 août 1893 à Yvoire, la section est admise au sein de la SSLL, en même temps que la section de Villeneuve. Ces deux dates sont considérées comme dates de fondation de la Vigie.
Incompatibilité d’humeur comme l’on dirait aujourd’hui, ou développement rapide à l’ouest de la Baye de Montreux. Encore une fois un meneur d’hommes: Alexandre Emery, beau-frère d’Ami Chessex, hôtelier, promoteur de la Fête des Narcisses, membre fondateur des chemins de fer des Rochers-de-Naye, puis syndic du Châtelard, député et enfin conseiller national, organise les débuts de la section de Montreux.
Dans le courant du mois de juillet 1886, la section de Territet est fondée et demande son admission à la nouvelle société; le colonel Huber a trouvé appui sur le Haut-Lac et annonce sa visite à la section de Territet, qui compte déjà cinquante membres, mais ne possède pas encore son propre bateau. Après, les archives nous font défaut. Nos ancêtres sauveteurs, dévoués à leurs prochains, attachés profondement au lac et au pays, étaient plus enclins au coup de gueule, plus forts à la rame qu’au procès-verbaux et autres paperasses et surtout à leur classement… La section de Territet organise bientôt une équipe à Vernex et à Villeneuve.
Comme souvent dans ces situations, c’est un homme, un meneur d’hommes qu’il faut, et ce sera le Genevois W. Huber, colonel et industriel efficace, qui prend les choses en main et fondera officiellement la Société de sauvetage du lac Léman (SSLL) le 6 septembre 1885, à Thonon. Le Haut-Lac n’a pas répondu tout de suite présent au colonel Huber; la région de Vevey – Territet est déjà en plein développement touristique et les soucis sont certainement différents… Néanmois une oreille attentive; à Territet, en la personne d’Ami Chessex, une personnalité influente sur la Riviera, reconnaîtra le bienfondé et l’utilité du sauvetage devant les grands Hôtels en construction.
Un important accident en 1883 entre les vapeurs le « Rhône » et le « Cygne », au large d’Ouchy, sensibilise l’opinion publique qui réclame une organisation de sauvetage comparable à celle qui existe en France sous le nom de » Société centrale de sauvetage des naufragés ».
Il faut avoir recours à son imagination pour se replonger dans le contexte de l’époque, il y a plus de cent ans. Par ses toiles, le peintre Bocion nous donne pourtant de remarquables clichés de cette époque: « liquettes » à fond plat des pêcheurs et sourtout les majesteueuses barques, bricks et cochères avec leurs lourds chargements. La navigation de plaisance et les vapeurs sont aussi en pleine expansion. Ce tableau serait incomplet sans citer les premiers baigneurs, barboteurs, maîtres nageurs sur les plages bien entendu séparées: Dames et Messieurs. Les « usagers » du lac se multiplient de manière spectaculaire.. les victimes aussi. Des hommes de coeur, pêcheurs, matelots, passionnés de navigation, commencent à organiser collectivement les secours avec des moyens bien rudimentaires: gaffe, cordage…